Donner des tâches domestiques à son enfant : une incontournable obligation

07 Jan

Imaginons la situation suivante : vous vous rendez au travail chaque jour de votre vie et, tout juste après avoir passé la porte, vous vous calez confortablement dans votre fauteuil, bien souvent avec un écran dans votre mire. Autour de vous, vos collègues s’activent, préparent la journée, se fixent des objectifs, travaillent main dans la main, contribuent de plusieurs façons au projet commun, mais vous restez témoin passif de la scène, enveloppé dans votre léthargie apathique. Jamais n’êtes-vous sollicité pour effectuer des tâches, rarement vos savoir-faire ou votre créativité sont mis à profit et quasi inexistantes sont les occasions d’apprentissage qui pourraient découler de vos expériences. Lorsque vous vous activez un tant soit peu, c’est souvent dans le but d’identifier un besoin ou communiquer un désir, lequel sera fréquemment comblé sur-le-champ.

Il y a eux et il y a vous, dans cette boite.

Maintenant, dites-moi : quel serait, dans un tel contexte, votre sentiment d’appartenance à ce groupe ? Votre motivation et votre implication au travail ? Vos impressions de compétence ou de réalisation ? Votre confiance ou votre estime de vous-mêmes ?

Lorsque vous permettez à votre enfant de se soustraire à toutes tâches domestiques ou responsabilités, que vous lui accorder un traitement de faveur au sein de votre unité familiale, que vous faites pour lui, sans rien exiger en retour, vous lui nuisez. Non, vous n’êtes pas en train de le « laisser être un enfant ». Vous n’êtes pas en train non plus de prendre soin de lui ni de le ménager ou de le gâter. Vous êtes en train de lui apprendre qu’il ne fait pas partie de votre équipe, que sa contribution n’est pas essentielle (voire nuisible), qu’il n’a rien à apporter au bien commun et que ses talents et ses acquis sont insignifiants. Ce n’est pas une preuve d’amour de votre part – c’est un désaveu.

Votre enfant doit sentir qu’il est un acteur essentiel à votre vie de clan. Il doit pouvoir fournir son apport – plutôt qu’être un observateur désengagé – et sentir que son implication fait une différence. C’est seulement dans ces conditions d’ailleurs qu’il aura envie de s’engager, développera son sens des responsabilités, se sentira imputable, mais également fier, autonome, et partie prenante de votre équipe.

Donnez donc à votre progéniture des responsabilités diversifiées, à la hauteur de ses capacités, et assurez-vous qu’elles sont menées à bien. Ce n’est pas parce que vous collez un tableau de tâches sur le frigo que votre petit vous remerciera spontanément de l’occasion en or que vous lui offrez d’augmenter son sentiment d’appartenance et de compétence !

Ceci étant, retenez que l’esprit d’équipe ne s’acquière par seulement sur une glace d’aréna ou un court de basket, que la motivation nait souvent après l’effort (et non pas l’inverse) et que la responsabilisation est une conséquence de l’implication. Bien sûr, vous risquez initialement de devoir composer avec des yeux qui roulent, des longs soupirs ou des vilains petits mots échappés entre dents serrées. Maintenez néanmoins le cap ! Souvenez-vous qu’obliger un enfant à faire ses tâches est un service à LUI rendre et respirer à votre tour si vous constatez que tout n’est pas aussi parfait que si vous l’aviez vous-même fait…