COVID-19 : « Ça va bien aller »… Vraiment?

15 Avr

« Ça va bien aller » : cette devise est apparue très tôt au début de la crise. Souvent bordé d’un arc-en-ciel, ce mantra, presque poétique, je le trouvais rassurant, moi, au début. Mais là, les semaines ont passé et je me dis que les licornes, ça n’existe pas.

Les chiffres ne cessent de gonfler et les histoires d’horreur dans les centres hospitaliers de se multiplier. En fait, les chiffres ne sont plus seulement des chiffres. Ils ont des visages maintenant. Ce sont des femmes et des hommes qui ont vécu des vies et qui ont eu des familles. La différence entre eux et toi, entre eux et moi, c’est qu’ils ont été malchanceux. Tu vas me dire qu’ils sont aussi sacrément plus vieux que toi et moi, pis t’as raison. Les chiffres (encore les maudits chiffres) le démontrent : les personnes âgées sont plus fragiles. Mais on a tous lu toi et moi l’histoire d’un jeune, dans la trentaine, qui a passé un mauvais quart d’heure à cause de la Covid. Un gars en forme. Un gars qui courait des marathons. Un gars qui mangeait toutes ses portions de légumes, mais qui a quand même pensé ne jamais s’en remettre. Y’a ce gars-là, pis y’en a plusieurs autres gars, filles, comme lui.

« Ça va bien aller »… Vraiment? Dis ça aux propriétaires d’entreprises qui ne sont même pas capables de payer leurs frais courants à l’heure actuelle. Dis ça aux profs à qui on laisse planer un nuage gris au-dessus de leur tête parce qu’on les a avertis qu’on aurait peut-être besoin d’eux en milieu hospitalier. Dis ça aux enfants qui n’ont même pas dessiné un foutu arc-en-ciel depuis le début de la crise parce que leurs parents étaient dysfonctionnels avant et le sont toujours aujourd’hui. Chez eux, les feuilles blanches se sont envolées et les crayons feutres ont séchés, pis personne ne les a remplacés. T’as raison, acheter des crayons pis des feuilles aux p’tits, c’est pas essentiel. Pas plus que d’aller t’acheter ton vin pis ton pot, tant qu’à moi. Mais là, je m’égare.

Je veux juste te dire que je ne pense pas que ça va si bien aller.

C’est juste un feeling.

Je suis convaincue, par contre, que « Ça va changer ».

Ça va changer ta façon de consommer, si ce n’est pas déjà fait. Ça va changer, peut-être, ta relation avec tes enfants, ta famille, ton petit cocon. Ça va changer tes priorités. Ça va changer ta façon de percevoir certaines professions (médecins, infirmières, caissières, camionneurs, préposés aux bénéficiaires, enseignants et bien d’autres). Ça va changer -j’espère- ta façon de traiter ta planète. Ça va sans doute changer bien d’autres choses dans ta vie et ça, ça t’appartient.

Et si toi et moi on saisissait cette occasion de changer les choses pour le mieux? Laisse les licornes au pays des merveilles et pense à ce que tu peux faire dans le vrai monde pour que tu ailles bien, aujourd’hui.